L’architecture du Muséum, une quête d’espace

Le Muséum est bâti sur le site d’un couvent dont les espaces ont été conquis au fil du temps pour accueillir des collections toujours plus riches et un public toujours plus large. Ses bâtiments modernes, inaugurés en 2008 font le lien entre ses 150 ans d’histoire dédiés à la recherche, à l’enrichissement, la conservation et le partage des collections et des savoirs.

Et le couvent de Carmes devient lieu de sciences

C’est dans l’ancien couvent des Carmes déchaussés, devenu propriété de l’État pendant la Révolution de 1789, que le Muséum a déployé ses collections. Ce bâtiment en brique de 2 étages, organisé en carré autour d’un cloître, demeure le cœur du Muséum aujourd’hui.

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“Toulouse : jardin des plantes 1900 essai Bellieni”, photo. d’Eugène Trutat – coll. muséum, MHNT.PHa.89.T.15

D’abord un Jardin

Le Jardin des Plantes s’est tout d’abord installé dans le jardin du couvent en 1794, puis un Cabinet d’Histoire naturelle a été créé dans une partie du couvent aux côtés du bureau du directeur du Jardin.

Le Jardin des plantes est traversé par une grande allée, bordée d’un côté par un jardin à l’anglaise, de l‘autre, d’un jardin à la française, abritant les collections scientifiques.

Une porte monumentale pour marquer le terrain

Avant même que Napoléon 1er ne cède officiellement à la ville de Toulouse, en 1808, les murs et jardins du couvent des Carmes, Philippe Picot de Lapeyrouse, directeur du Jardin des plantes, fait construire une porte monumentale, achevée en 1806.

Dessinée par l’architecte de la ville Jacques-Pascal Virebent, elle est composée d’un grand linteau horizontal posé sur des colonnes en marbre rouge du Languedoc récupérées de l’ancienne chapelle des Carmes. Elle marque encore aujourd’hui l’accès au Jardin des Plantes et au Muséum.

Le Muséum entre au Couvent

Entre 1861 et 1865, les collections de science naturelle dispersées à travers la ville, trouvent une place au premier étage de l’ancien couvent, alors partagé avec la Faculté des sciences à laquelle le Jardin des Plantes est rattaché.

Son entrée est située sur l’allée centrale du Jardin. Un grand escalier mène à deux galeries, la galerie des Cavernes, dédiée à la paléontologie, et la galerie Filhol, consacrée à la zoologie et la minéralogie. Elles constituent les premiers espaces du Muséum, inauguré en juillet 1865.

En 1870, le Muséum devient une institution municipale indépendante. Il cohabite encore 50 ans avec la Faculté de Médecine mais s’étend à cinq galeries qui forment un parcours autour de la cour centrale.

Remue-ménage architectural

Le Muséum s’agrandit de façon impressionnante entre 1926 et 1944. Alors qu‘un réaménagement du second étage avait déjà permis la création d’une nouvelle galerie ouverte aux visiteurs, les espaces d’exposition investissent le rez-de-chaussée. Là, un amphithéâtre est construit à l’emplacement de l’ancien auditorium de l’École de médecine et l’entrée principale du Muséum est déplacée sur les allées Saint-Michel. Elle s’ouvre sur une salle des pas perdus, utilisée pour des expositions temporaires.

En 1969, le théâtre municipal Sorano s’installera dans l’ancien amphithéâtre du Muséum. Il conservera la façade, conçue par l’architecte toulousain Urbain Vitry.

De l’espace pour les collections

Après la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux travaux assainissent le bâtiment : le sol est refait, l’évacuation des eaux de ruissellement est revue, la dernière partie ouverte du cloître est fermée pour éviter les remontées d’air humide vers les étages.

De vastes espaces sont dégagés: des cloisons sont abattues, des portes sont percées, des fenêtres modifiées, créant deux grandes galeries, l’une au rez-de-chaussée, l‘autre à l’étage. Les visiteurs y gagnent en confort, les collections redéployées sont présentées de façon plus cohérente et mieux valorisées.

Cette organisation perdure jusqu’en 1962 et l’installation du Théâtre Sorano en lieu et place de l’Auditorium.

Renforcer la structure, pousser les murs

Resserré autour de l’ancien cloître, le Muséum continue d’enrichir ses collections et de développer ses offres de diffusion et de médiation. Régulièrement, ses espaces sont réorganisés pour s’adapter à ces évolutions, notamment la création d’une bibliothèque enfantine en 1975. Mais en 1997, il faut se rendre à l’évidence : la vieille structure montre des faiblesses. La charpente en particulier doit être reprise. Le Muséum ferme pour 10 ans de travaux.Un héritage magnifié

Le nouveau Muséum inauguré en 2008 est une refonte complète de son architecture et de sa muséographie. Dessiné par l’architecte Jean-Paul Viguier, il met en valeur l’existant et lui adjoint une extension de près de 5 800 m2. Le cloître est transformé en un vaste atrium qui sert de hall d’accueil. Côté jardin, une aile courbe de 120 mètres de long est rajoutée. Ce bâtiment fait le lien entre les époques et les espaces, entre le végétal du Jardin botanique et la construction minérale alliant brique ancienne et structure verre et acier moderne.

La muséographie est repensée avec l’architecture. L’aile de verre est conçue comme une « double peau » qui filtre et diffuse la lumière vers les collections. Elle abrite aussi les squelettes ainsi exposés aux regards de l’extérieur comme de l’intérieur.

Le jardin réexposé

Indissociable du Muséum, le Jardin botanique est également revisité par l’architecte. Redessiné en spirale conique il s’insère dans la courbe de verre du bâtiment. Ses essences anciennes sont désormais présentées au public dans un parcours concentrique avec en son centre une rivière.

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