L’Histoire détaillée du Muséum au XIXᵉ siècle
L’origine du muséum et de ses collections
L’idée d’un établissement consacré aux sciences naturelles émerge fin XVIIIᵉ dans le contexte révolutionnaire et une époque où ces sciences sont très prisées. Les élites intellectuelles locales, membres de sociétés savantes et détentrices de collections, se mobiliseront durant plusieurs décennies pour parvenir à cette fin. Car si le musée des Beaux-arts et des Antiques , longtemps seul musée de la municipalité, ouvre au public dès 1795, le muséum ne verra le jour qu’en 1865.
L’enseignement et le jardin botanique
Les biens du Clergé nationalisés en 1789 et les Académies supprimées par la Convention en 1793, c’est l’État qui a la charge du jardin fondé place des Tiercerettes par l’Académie Royale des Sciences en 17281 et du couvent des Carmes Déchaussés.
En l’attente de la réforme nationale de l’éducation, l’Institut d’éducation provisoire Paganel assure l’enseignement. Des cours de sciences et de botanique y étant dispensés l’administration du jardin lui est déléguée. Celui-ci est relocalisé progressivement de la rue des Fleurs2 aux jardins de Frescati, dépendance du couvent des Carmes, dès 17943 La réforme du Comité de l’Instruction publique aboutit en 1796 et l’Institut est dissout avec la création de l’École Centrale qui hérite de la gestion du jardin.
Philippe Picot de Lapeyrouse sera le premier titulaire de la chaire d’enseignement d’Histoire naturelle de l’École Centrale devenant par-là même le directeur du jardin botanique. Il transfère son cabinet de curiosités et les collections de l’ancienne Académie des sciences dans l’ancien couvent et y aménage une salle de démonstration pour ses futurs cours4. Antoine Ferrière, le jardinier botaniste en charge du jardin depuis 1783, investit la sacristie pour le stockage des orangers et plantes exotiques durant la période hivernale mais suite à l’envoi répété de pétitions d’habitants du quartier, alors que le préfet est favorable à l’occupation du bâtiment pour des cours de botanique ou un musée, Napoléon redonne l’église au Clergé en 1806 et un mur de séparation sera construit5 .
En 1802, les Écoles Centrales sont remplacées par les lycées impériaux où les sciences naturelles ne sont pas enseignées. Picot, alors maire, crée en 1803, l’École Spéciale des arts et des sciences et peut ainsi lui rattacher le jardin botanique. Prenant quelques libertés administratives, il fait également construire la grande porte principale du jardin en 1804.
La création des Facultés entraîne l’absorption en 1809 de l’École spéciale par la Faculté des sciences installée rue Lakanal. Picot en devient le premier doyen y emportant les collections, le jardin perdurera ainsi que quelques cours de botanique et son fils Isidore Picot de Lapeyrouse en sera directeur6 . À sa mort en 1818, la Faculté hérite de sa collection de minéralogie, la ville de son herbier demeuré au jardin botanique et ses collections personnelles sont dispersées, le colonel Louis Dupuy en acquiert une partie. Dans les années 1830, les locaux de l’ancien couvent des Carmes déchaussés sont investis par l’École de médecine, la création d’un muséum est compromise.
Mobilisation de la communauté naturaliste locale
La ville continue cependant à recevoir de nombreux dons d’amateurs provenant d’anciens cabinets de curiosités ou rapportés de voyages et de missions scientifiques, tels les dons de naturalia et d’ethnographie de Gaston de Roquemaurel en 1841 et 1854. Tous sont déposés au musée des Beaux-arts et des Antiques qui devient très hétéroclite. Girafe, oiseaux empaillés, dents de rhinocéros, défenses d’éléphant, roches et coquillages peinant à trouver leur place parmi les tableaux, médailliers, vases égyptiens et épées de cérémonie des Capitouls, tous ces objets fournissent autant d’arguments à ceux qui expriment la nécessité d’un nouvel espace.
Jean-Baptiste Noulet affirme publiquement ce désir dès 18377. Il déplore l’amoncellement sans classification qui rend les visites laborieuses8. En 1839, le Journal de Toulouse publie un appel aux dons d’Armand de Quatrefages du Bréau, récemment nommé à la chaire de zoologie, afin de créer un cabinet d’Histoire naturelle indiquant “qu’un établissement de ce genre ajouterait de l’éclat à [Toulouse]”9. Quant à Alexandre Leymerie il avance le manque de place propice à l’étude à la faculté, notamment de la collection Lapeyrouse. Nombreux sont les naturalistes et amateurs locaux allant en ce sens, en 1853, puis en 1858, l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles lettres forme une commission10 afin de soumettre à la municipalité un projet de cabinet d’Histoire naturelle situé dans les étages du musée des Beaux-arts et des Antiques11. Cette proposition n’aboutira pas en dépit des collections existantes et des promesses de dons12.
Lors d’une séance de l’Académie, le 8 mai 1861, le sujet est de nouveau évoqué par Florentin Astre. Édouard Filhol, conseiller municipal et directeur de l’École de médecine, où sont déjà conservées des collections de sciences, propose d’accueillir le muséum dans une partie inoccupée des locaux de l’école qui se trouve toujours dans l’ancien couvent des Carmes déchaussés. Le projet est adopté par la municipalité du maire Jean Patras de Campaigno.
L’ouverture et les orientations
Après des travaux d’aménagement, le musée est inauguré le 8 juillet 1865. Filhol en devient de facto directeur et joint ses collections aux nombreux dons de la communauté scientifique13, collections de la ville et achats spécifiques qui constituent le fonds initial14. Le musée, dont l’entrée se fait par un escalier extérieur depuis le jardin des plantes, occupe deux des salles du premier étage du bâtiment et Eugène Trutat est nommé conservateur.
Le Théâtre Sorano en 1964, année de son ouverture. Ancien amphithéâtre de l’École de médecine conçu par Urbain Vitry en 1831 et inauguré en 1837. Après une réfection entre 1927 et 1931 il est alloué au muséum et en devient l’entrée principale jusqu’en 1960, photo. : André Cros – Archives Municipales de Toulouse, cote 53Fi4442
L’une des salles montre ce qui fut une première en Europe15 : la Galerie des cavernes où sont exposés, classés par période16, les produits de fouilles des grottes préhistoriques régionales provenant majoritairement de la collection Filhol. Pour alimenter cette galerie des campagnes de fouilles, en partie financées par le Ministère de l’Instruction publique, sont menées par le muséum, notamment à L’Herm, Bédeilhac, Niaux et Lombrives. Elles permettront également d’effectuer de nombreux échanges17 ainsi que le montage par le préparateur Sairac et Eugène Trutat18 de l’une des pièces majeures exposées : un ours des cavernes.
Les périodiques et sociétés savantes se font l’écho de cette ouverture récente, des scientifiques venus visiter l’établissement et des études réalisées sur les collections. Outre le partage des découvertes à travers des articles et appels à contribution, elles favorisent les dons les échanges d’objets, en France et au-delà.
En 1866, à l’initiative d’Isidore Guitard et de Filhol la Société d’Histoire Naturelle de Toulouse voit le jour. La majorité de ses membres a contribué à la constitution des collections du muséum où elle est domiciliée et tient ses séances19. Elle a pour but l’étude des sciences naturelles, avec un intérêt particulier pour ce qui touche à la région et organise des excursions. À l’origine, elle participait également à l’enrichissement des collections du musée en lui transmettant les objets qui lui étaient offerts20.
Trutat et Cartailhac, quant à eux, rachètent Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’homme à Gabriel Mortillet en 1869 et installent son siège au muséum. Ces deux revues échangent avec divers savants, sociétés et institutions à travers le monde et Émile Cartailhac entretiendra une correspondance fournie avec nombre d’entre-eux.
L’Exposition universelle de Paris de 1867 est également une opportunité de valoriser l’activité du musée. Émile Cartailhac, alors attaché au muséum, participe avec Gabriel Mortillet et Louis Lartet à l’élaboration de la Galerie du travail dans laquelle figurent des collections du muséum. C’est également à cette occasion que le muséum acquiert des poissons des mers du Nord par l’entremise d’Herman Baars
Afin d’accroître les collections de zoologie un laboratoire est mis en place et sur les recommandations du Muséum de Paris Victor Bonhenry intègre l’établissement en tant que préparateur en 1868. Il réalise le montage des animaux et est en charge de la conservation des collections, assure des formations et constitue de petites collections pour les écoles locales.
Durant ces premières années, les collections se sont principalement enrichies par des échanges et dons. Parmi ces derniers, des oiseaux offerts par Léon Soubeiran en mars 1866, des spécimens issus des fouilles d’Albert Gaudry à Pikermi, trois petits de hyène tachetée de la Ménagerie des Indes des frères Pianet , des pièces des dolmens régionaux étudiés par Émile Cartailhac ou des ossements fossiles, trouvés lors des travaux d’installation de la voie ferrée d’Auch à Tarbes, par la Compagnie des chemins de fer du Midi en 1869. De façon ponctuelle, la municipalité réalise des achats visant à compléter les lacunes, ainsi la collection entomologique Piette en mai 186621.
Dans le contexte politique tendu de la fin du Second Empire22, le statut d’Édouard Filhol, à la fois conseiller municipal, directeur de l’École de médecine qui dépend de l’État et du muséum qui dépend de la municipalité génère une polémique23 . Bien que les Républicains aient remporté les élections municipales de 1865, Jules Amilhau et Filhol, candidats officiels de l’Empire, sont nommés maire et adjoint. La nomination d’Amilhau semble convenir à tous les bords, cependant, en désaccord avec la préfecture, il démissionne en juin 186624. Une commission dirigée par Filhol le remplace et le conseil municipal, majoritairement d’opposition, est dissout en août25.
En 1870, Léonce Castelbou, opposant26, est le rapporteur de la commission chargée d’étudier la gestion du muséum. Le rapport est à charge27 et le musée est administrativement détaché de l’École en avril 1870 dont Filhol conserve le poste de directeur.
Les différentes directions
En l’attente d’une nouvelle direction, Eugène Trutat assure l’intérim. Durant l’année 1871, le musée reçoit notamment les collections Henri Capelle et Henri Magnan.
Archéologie préhistorique et ethnographie comparée
L’année suivante, la municipalité, après avoir consulté l’Académie des sciences et belles lettres, nomme Jean-Baptiste Noulet. À cette occasion, il offre sa collection au muséum “à titre d’hommage à la ville”. Sous sa direction, le musée s’étend à l’ensemble du premier étage du bâtiment et une bibliothèque est installée. Ce gain d’espace, ses études en archéologie comparée ainsi que la politique d’expansion coloniale de la Troisième République favorisent l’acquisition de collections ethnographiques. Missionnaires religieux ou scientifiques, militaires, agents administratifs et négociants rapportent nombre d’objets, et parfois des animaux vivants, de leurs séjours. Le muséum a ainsi réalisé de nombreuses transactions auprès des frères Alexis Savès et Théophile Savès, commerçants d’antiquités toulousains installés quartier de la Terrasse.
Par ailleurs, le Muséum ethnographique des missions scientifiques, géré par le Ministère de l’instruction publique, distribue régulièrement les doubles des échantillons collectés lors des missions aux musées de l’ensemble du territoire français.
Afin d’accueillir l’Exposition internationale de Toulouse de 1887, le Jardin des plantes est réaménagé à la défaveur du jardin botanique.
Entre 1872 et 1890, année du décès de Jean-Baptiste Noulet, le musée s’enrichit des collections Armand Peyre, Alexandre Leymerie, Chelle, Jean Moura, Joseph Galliéni, Auguste Vaquier et Eugène Belleville.
La photographie, outil de recherche scientifique
Eugène Trutat, conservateur du muséum depuis son ouverture, devient directeur en 1890. Zoologiste, pyrénéiste, il a notamment étudié le desman des Pyrénées, il dispense des cours de zoologie ainsi que de photographie au musée. Il est l’un des pionniers de la photographie et a contribué, en 1875, à la création de la Société de photographie de Toulouse aux côtés de Charles Fabre.
Le poste de conservateur est transformé en poste d’aide naturaliste en 1892 et est attribué à Armand de Montlezun qui deviendra par la suite secrétaire. Ayant travaillé avec Victor Bonhenry, il réalisera de petits montages et l’entretien des collections jusqu’en 1918, cependant que la naturalisation des gros spécimens est confiée à la maison Bonhenry-Lacomme.
Au départ en retraite d’Eugène Trutat en 1900 le musée s’est enrichit de quatorze mille de ses tirages et plaques de verres, vues de Toulouse, de ses excursions régionales et voyages, ainsi que des collections, galeries et scientifiques. Sous sa direction, on note les dons d’Aristide Maria, Étienne Cuguillère, Édouard Harlé et Gustave Julien ainsi qu’un envoi de deux cents objets du musée du Trocadéro en 1891, issus de différentes collectes telles que celles de Georges Révoil, Roland Bonaparte ou Léon de Cessac.
Les commissions
En 1901, le poste de direction est supprimé et une commission “municipale et extra-municipale” composée d’une vingtaine de personnalités scientifiques et politiques locales, dite Commission technique, assure la gestion des collections et de l’établissement. Parmi ses membres se trouvent Cartailhac, Astre, Dominique Clos, Félix Garrigou, Armand de Montlezun, Gaston Moquin-Tandon, Henri Ribaut, Adolphe Prunet, Louis Roule, Paul Feuga ou Honoré Serres. Sous la Commission technique le musée affirme son identité géographique en mettant en valeur ses collections régionales.
Cette même année, le musée acquiert ce qu’il subsiste de la collection Édouard Lartet et Louis Lartet, auprès de leur héritier Jean-Jacques Costes. En 1847, Édouard Lartet avait proposé à la vente sa collection, ainsi que son terrain de fouilles de Sansan, à la ville. L’offre ayant été déclinée, c’est Paris qui en fit l’acquisition. Le volume acheté à J-J Costes est cependant conséquent, le local où elle est entreposée est donc loué par la ville afin qu’Émile Cartailhac puisse en dresser l’inventaire.
À partir de 1907, année qui verra le départ en retraite de Victor Bonhenry, la composition et le fonctionnement de cette commission sont modifiés et elle prend le nom de Conseil du musée. Il comprend des conseillers municipaux, un administrateur nommé parmi les assistants et conservateurs adjoints recrutés pour deux ans, dont seront Victor Paquier, Louis Mengaud, Henri Bégouën, Alexis Duffour, Gaston Astre, Albert Lécaillon, Henri Vallois ou Charles Jacob.
Après le départ de Bonhenry, Armand de Montlezun assure les travaux d’entretien et les naturalisations de petite taille, les gros spécimens étant confiés à la Maison Bonhenry-Lacomme jusqu’en 1918, date à laquelle Philippe Lacomme intègre l’établissement. Cette même année Joseph Mandement immortalise sur pellicule le nouveau préparateur et Émile Cartailhac.
Du côté des acquisitions notables, le musée reçoit Punch, l’éléphant du Cirque Pinder, en 1908, la collection Félix Régnault, cédée par sa veuve Angèle Régnault en 1909 et la collection ethnographique Pierre Joulin en 1917.
En 1912, les locaux du second étage, occupés par le laboratoire et servant d’espace de stockage depuis 1907, deviennent la salle de botanique Dominique Clos. Mais le musée continue à manquer de place. Bien que très avancées, les démarches entamées avec le soutien de Jules Julien pour récupérer les locaux du rez-de-chaussée, encore occupés par la Faculté de médecine et pharmacie, sont interrompues par la Première Guerre mondiale. En outre, l’école de puériculture, créée en 1913, dispense une partie de ses cours dans l’amphithéâtre de la faculté. En 1924, elle devient l’Institut de puériculture et la municipalité signe un bail de dix-huit ans lui attribuant une partie de cet espace. Les laboratoires de pharmacie seront déménagés en 1926.
Le besoin d’espace se fait pressant avec l’arrivée des importantes collections Gérard Azaïs, Gaston de Roquemaurel, après qu’elle a transité par le musée Saint-Raymond en 1882 il est décidé en 1922 de l’installer au muséum, Victor Besaucèle, H.W. Brölemann, Jean Thomas, Henri Galibert ainsi que de nombreux spécimens de mammifères du Muséum national en 1933.
L’établissement réalise également des échanges avec le muséum de la Rochelle en 1936 et le Musée de l’Homme en 1942. Ce dernier comprend des objets issus des collectes de Georges Révoil, Henri Labouret, Victor Schœlcher ou Pierre Savorgnan de Brazza.
La fin des années 20 et les années 30 verront donc de nombreux aménagements des galeries et l’extension des salles d’exposition au rez-de-chaussée et second étage. Dès 1930, l’entrée du muséum, après réfection de l’amphithéâtre où se tiennent désormais des conférences, se fait par les allées Saint-Michel, actuelle allée Jules Guesde.
En 1937, la commission prend le nom de Commission chargée de la surveillance du muséum. Elle est toujours composée de membres du Conseil municipal, de professeurs et de spécialistes rejoints, entre autres, par Paul Dop et Albert Sallet. Le début de la Seconde Guerre Mondiale conduit à la mobilisation de l’aide préparateur Lucien Blanc. Par ailleurs, les difficultés d’approvisionnement en matériel compliquent l’exécution des travaux d’entretien et de naturalisation.
La Commission ne se réunira qu’en décembre 1943, les conservateurs conviennent que ce mode de gestion n’est pas adapté et proposent une nouvelle organisation.
Les archives du Muséum
En janvier 1944, la Commission propose à la municipalité de rétablir le poste de directeur, ce dernier serait nommé parmi six conservateurs tout en maintenant une Commission consultative. La demande est validée et Gaston Astre prend le poste en mai. Les conservateurs sont Raymond Despax, Henri Gaussen, Duffour, Bégouën et Louis Méroc.
La guerre se poursuit et la salle des pas perdus, consacrée aux expositions temporaires, est réquisitionnée pour la distribution des titres de ravitaillement. Cependant les déménagements de salles et les travaux se continuent, des fenêtres sont posées sur les arcades, le cloître est aménagé en jardin et un escalier intérieur est achevé en 1945. Les galeries quant à elles seront améliorées et réaffectées jusqu’en 1948.
Depuis 1946, le jardin zoologique dépend de la direction du muséum et le jardin des plantes est de nouveau une annexe du muséum, au même titre que le jardin botanique, ils sont donc gérés par les conservateurs.
Gaston Astre, à travers la publication des Livres du muséum, reste une référence en matière d’histoire de l’établissement et des collections, ses ouvrages et articles permettant la documentation de nombreux objets et spécimens.
Entre 1944 et 1962, le muséum reçoit les dons et legs de Marie Bertrand, petite fille de Gustave Marty, de Roger Bibent, en mémoire de son oncle Justin Bibent, de René de Naurois, de Louis Méroc, Raymond Suran et du legs de Paul Marius Dufaut.
La bibliothèque enfantine
Claudine Sudre est nommée conservatrice en cheffe en 1962 et prend la tête de l’établissement. Sous sa direction, le muséum connaît une nouvelle réorganisation. L’attribution de l’amphithéâtre à la création d’une salle de spectacle, futur théâtre Sorano qui ouvre ses portes en 1964, conduit à une importante relocalisation des collections.
En 1975, Claudine Sudre met en place la Bibliothèque enfantine du muséum.
En 1987, la découverte du site paléontologique de Montréal du Gers, toujours exploité à ce jour, permet d’enrichir les collections de vertébrés du Miocène. Durant cette période, s’ajoutent également aux fonds les dons et achat Raymond Carrerot, Louis de Bellegarde, François Fontan et Roger Reboussin.
La rénovation du bâtiment
En 1997, la charpente du bâtiment montre de sérieuses faiblesses. Les collections sont déplacées et le muséum ferme au public. Ce déménagement contraint permet une visibilité des collections, qui pour certaines sommeillaient dans des tiroirs depuis des décennies, et d’en commencer l’inventaire informatisé.
Le projet de rénovation, conduit par Jean-François Lapeyre épaulé d’un Comité scientifique, dont Georges Larrouy est président et dont fait partie, entre autres, Francis Duranthon, aboutit à l’ouverture du nouveau muséum début 2008. Cette refonte architecturale et muséographique voit également l’adjonction d’un nouveau site, les Jardins de la Maourine à Borderouge.
Le Jardin botanique Henri Gaussen, quant à lui, est géré par l’université Paul Sabatier.
Si le musée est jeune, au regard d’établissements créés au XVIIIe, son histoire est ancienne, dense et liée à celle des scientifiques et amateurs du Midi toulousain. Du point de vue de l’histoire des sciences, l’implantation géographique du muséum a été déterminante dans la constitution des fonds de préhistoire et de paléontologie. Pour autant, les autres disciplines ne sont pas en reste et sont représentées par de précieuses collections dont l’enrichissement, régional ou international, doit autant aux scientifiques qu’aux amateurs passionnés.
Le Muséum dans un contexte historique et scientifique
Quelques dates autour des collections et de la vie du muséum depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui. Cette frise, non exhaustive, présente des dates marquantes de la mise en place et l’évolution de l’établissement en lien avec l’Histoire locale, française et internationale ainsi que quelques évènements scientifiques.
Notes et références
- Le Jardin des plantes et l’enseignement de la botanique à Toulouse, Prunet, A., 1919 – coll. muséum, cote C2597
- Ville de Toulouse : Musée d’histoire naturelle, A. Lécaillon, L. Mengaud, 1923 – coll. muséum, cote A139, Rosalis
- Le Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse : ses galeries, Gaston Astre, 1950 – muséum de Toulouse, cote D643 – Rosalis
- Le Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse : son histoire, Gaston Astre, 1949 – muséum de Toulouse, cote D575 – Rosalis
- En savoir plus sur l’histoire des bâtiments sur UrbanHist
- Le jardin initial occupera brièvement la place des Tiercerettes (1728-1729) avant d’être relocalisé Porte Matabiau, rue Saint-Bernard (“Les jardins botaniques à Toulouse au XVIIIe”, Jacques Vassal, L’Auta oct. 1999 – Gallica, BNF).
- Durant toute cette période de réorganisation politique face à l’absence de réponse de l’État concernant l’attribution des lieux le Département outrepassera souvent ses compétences en prenant des décisions qui seront validées a posteriori par l’Administration centrale. Napoléon 1er officialisera l’appartenance des bâtiments à la ville en 1808 (Le Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse : son histoire, Gaston Astre, 1949 – coll. muséum, cote D595 – Rosalis).
- Le jardin est réinstallé rue des Fleurs (la Sénéchaussée) en 1756 puis à son emplacement actuel en 1794, pour ce faire l’abattoir de cochons et l’atelier national de salaisons de la Marine qui avaient investi l’ancien couvent sont déplacés (Le Jardin des Plantes de Toulouse : Sa fondation – Ses translations et ses transformations, L. Vergne, 1893-94, Toulouse, Imprimerie G. Berthoumieu – Tolosana)
- Éloge de M. le Baron Picot de Lapeyrouse, chevalier de l’Ordre royal de la légion d’honneur, Louis Amédée Decampe, 1819 – Tolosana
- Les tensions avec les habitants désireux que l’église revienne à l’exercice du culte seront telles qu’en 1808, après que le mur est tombé sur les fabriciens de la paroisse provoquant un blessé, Antoine Ferrière sera accusé d’avoir provoqué sa chute (Le Jardin des Plantes de Toulouse : Sa fondation – Ses translations et ses transformations, L. Vergne, 1893-94, Toulouse, Imprimerie G. Berthoumieu – Tolosana)
- Le Jardin des plantes et l’enseignement de la botanique à Toulouse, Prunet, A., 1919 – museum de Toulouse, cote C2597
- Préface de la Flore du bassin sous-pyrénéen, J-B. Noulet, 1837, muséum de Toulouse, cote C 42
- “Sur une nouvelle espèce de pachyderme fossile du genre Lophiodon”, Mémoires de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1851 – Gallica, BNF
- Journal de Toulouse politique et littéraire, 17 février 1839 – BM, cote Res. B XVIII 130, Rosalis. La même année Joseph Bousquet publie Améliorations à faire à la ville de Toulouse. Parmi celles-ci figurent, entre autres, ses considérations sur les différentes possibilités d’aménagement d’un cabinet d’Histoire naturelle, Gallica, BNF.
- Adolphe Caze, Nicolas Joly, Dominique Clos, Henri Filhol, Jules Guibal, Auguste Larrey, Alexandre Leymerie, Victor Molinier, Constantin Prévost, Casimir Roumeguère, Édouard Timbal-Lagrave et Urbain Vitry font partie de cette commission.
- “Le professeur J-B Noulet, sa vie, ses œuvres”, É. Cartailhac, J. Anglade, M. Leclerc du Sablon, Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1918 – Gallica, BNF
- Telle celle de Casimir Roumeguère souhaitant déposer ses collections dans le futur muséum d’Histoire naturelle de la ville (Annuaire de l’Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1858 – Gallica, BNF, Journal des arts, des sciences et des lettres, 22 mai 1858 – Gallica, BNF)
- Le fonds initial du muséum est constitué des collections de sciences naturelles du musée des Arts et des Antiques, de collections offertes par des personnalités locales dont, parmi d’autres, Jean-Baptiste Noulet, Édouard Lartet, Jean-Baptiste Rames, François Frizac, Charles Lassus, Henry Christy, Édouard Piette, Édouard Timbal-Lagrave, Félix Garrigou, Joseph Pianet et ses fils ainsi que par un don conséquent du Muséum national (“Allocution prononcée […] le 11 juin 1865 par É. Filhol”, Mémoire de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles lettres, 1865 – Gallica, BNF, Ville de Toulouse : Musée d’histoire naturelle, A. Lécaillon, L. Mengaud, 1923 – muséum de Toulouse, cote A139, Rosalis)
- Les collections de la ville qui seront transférées du musée des Beaux-arts et des Antiques vers le muséum ne comprendront au départ que les objets de sciences naturelles. Au fil des années, les collections ethnographiques seront transférées à plusieurs reprises au sein des différents musées de la ville avant de trouver leur répartition actuelle. On trouve des traces de transfert dans les archives du muséum jusque dans les années 1960.
- Ville de Toulouse : Musée d’histoire naturelle, A. Lécaillon, L. Mengaud, 1923 – coll. muséum, cote A139, Rosalis
- “Rapport de M. Cotteau sur les seize musées de province visités par lui en 1866”, Annuaire de l’Institut des provinces et des congrès scientifiques, 1868 – Gallica, BNF
- Le conséquent volume d’objets trouvés à la grotte de L’Herm a permis maints échanges. Par ailleurs, les échanges se sont étalés dans le temps, ainsi un hamac sud américain (ETH.AC.1185) échangé avec le muséum de La Rochelle en 1936.
- Ursus spelaeus MHNT.PAL.2007.0.12 (“Squelette d’ours fossile présenté par Monsieur Trutat”, Mémoires de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1865 T3 – Gallica, BNF ; “Bulletin des travaux de l’Académie pendant l’année 1864-65”, Mémoires de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1865 T3 – Gallica, BNF ; Exposition des beaux-arts et de l’industrie à Toulouse dans les galeries du Musée : année 1865, 1866 – Rosalis, BM de Toulouse)
- “Historique de la Société d’Histoire naturelle durant son premier siècle”, Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Toulouse, 1966 – Gallica, BNF
- “But et historique de la Société” Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Toulouse, 1887 – Gallica, BNF
- Délibérations du Conseil municipal de Toulouse ; Histoire de l’élection municipale de 1865 : documents officiels et autres […], Alphonse Brémond, 1867 – Gallica, BNF
- “Aperçu sur le pouvoir municipal et classes sociales à Toulouse”, Jean Coppolani, Table ronde Pouvoir Local, 12-14 octobre 1976, Toulouse ; “La conquête de la France par le parti Républicain”, Étienne Lamy, La Revue des deux mondes, 1904, T23 – Gallica, BNF ; Dossier La Commune de Paris, Henri Guillemin rts.ch, consulté le 11 Mars 2019
- La distinction entre les deux établissements semble confuse, durant le conseil municipal du 7 mai 1866 il est mention du “muséum d’Histoire naturelle de l’École de médecine”.
- Amilhau aurait refusé de rétracter un discours jugé discréditant pour l’ancien maire. De plus, le traité passé avec l’entrepreneur Caune en vue de l’”haussmannisation” de Toulouse générant un emprunt de six millions aux dépends des œuvres sociales et culturelles aurait également contribué à sa démission (“Élections législatives et plébiscites à Toulouse sous le Second Empire”, R. Amanieu, Annales du Midi, 1950 – Persée ; Histoire de l’élection municipale de 1865 : documents officiels et autres […], Alphonse Brémond, 1867 – Gallica, BNF ; Les deux récits sur le Conseil municipal de la ville de Toulouse, Les principaux libraires, Toulouse, 1867 – Gallica, BNF ; Histoire populaire de Toulouse, L. Braud, L. Ariste, 1898 – archive.org ; Plan de la ville de Toulouse, 1867 – Archives municipales, cote 20Fi442).
- Le phénomène se reproduira en 1870, les élections remportées en août par les Républicains sont annulées par la Préfecture mais à la chute de l’Empire, le 4 septembre, les conseillers investissent le Capitole. Le préfet s’enfuit et Armand Duportal est nommé préfet par Léon Gambetta. En mars 1871, Toulouse connaîtra, sans heurt, une Commune de trois jours. Durant ces trois jours, le général Charles de Nansouty, récemment affecté à Toulouse, refuse de tirer sur les insurgés. Suite à ce refus d’exécuter les ordres, il fera soixante jours de prison, sera dégradé et restera sans affectation. (“La Commune de Toulouse (25-27 mars 1871)”, Yves Lenoir, 2012, Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871, commune1871.org, consulté le 13 février 2019 ; “Armand Duportal 1814-1887”, L’Auta, juin 1988, T587 – Gallica, BNF ; “Procès des fonctionnaires de la Commune”, Le Temps, 16 août 1871 – Gallica, BNF).
- Tout oppose ces deux adversaires politiques. En 1877, Filhol, président du conseil de la fabrique, impulse l’installation du carillons de 13 cloches de l’Église Saint Exupère (École Occitane du carillon, neep.free.fr, consulté le 15 mars 2019 ; “Le jardin des scientifique”, Les amis de St Exupère, consulté le 15 mars 2019). De son côté, Castelbou, “l’un des plus farouche radicaux du Midi” (Le Figaro, 30 sept. 1885, Gallica, BNF) est accusé d’anticléricalisme après avoir fait ordonner le démontage de la statue de Sainte Germaine place Saint Georges en 1881. En 1882, il démissionne du conseil municipal suite au vote d’un budget alloué à l’achat d’un bâtiment à destination de la faculté des sciences et de médecine estimant la dépense “ruineuse” (La France médicale : historique, scientifique, littéraire, 3 janvier 1882, Gallica, BNF).
- La nomination de Filhol en tant que maire est qualifiée de “coup d’état”, sa fonction de directeur d’ “illégale”. Il est accusé de s’être approprié des collections issues des fouilles publiques du muséum en se faisant réexpédier certains des objets exposés à Paris pour l’Exposition universelle de 1867 à son domicile (Rapport sur le musée d’Histoire naturelle présenté par M. Castelbou, séance du 5 avril 1870 – Google books).
Photo d’en tête : 6 Mai 1895, concours régional d’horticulture, photo. Eugène Trutat – coll. muséum MHNT.PHa.659.T40