La collection Marius Bernès des mines du Laurion

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Article rédigé par JEAN-PHILIPPE AUGEYROLLE
Anthropologue, spécialiste en minéralogie, bénévole au Muséum de Toulouse.

Cette collection comporte 95 échantillons de ce célèbre site minéralogique, connu depuis la très Haute Antiquité.

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Cartel ancien de la collections Marius Bernès – coll. muséum

L’exploitation des mines du Laurion

Ces mines sont exploitées depuis au moins le Néolithique final – Helladique ancien, c’est-à-dire vers -3 200 ans. Ce site situé dans le socle géologique de marbres et de schistes de l’acropole de Thorikos a permis l’exploitation de l’argent contenu dans les plus importantes réserves de Galène argentifère.

En –483, les athéniens utilisèrent ce filon pour financer la construction d’une grande flotte qui remportera la victoire de Salamine en –480 sur les Perses. Des milliers d’esclaves (jusqu’à 20 000) travaillaient dans ces mines, dans des conditions effroyables. Au cours de la guerre de Péloponnèse, plusieurs milliers d’esclaves s’enfuirent en mettant le pays à sac, et les Lacédémoniens occupèrent la ville de Décélie, et les mines furent fermées temporairement.

La production repris vers -350 et des fortunes considérables bâties sur cette exploitation virent le jour.

On frappa une monnaie, “la chouette de Laurion”, grâce au minerai d’argent. Cette monnaie athénienne eut cours dans tout le monde antique.

À l’époque romaine, l’exploitation subit un ralentissement en raison de la concurrence des mines d’or et d’argent du mont Pangée en Macédoine. Reprises à l’époque byzantine, les mines furent abandonnées au 1er siècle avant JC ; puis redécouvertes et exploitées conjoncturellement au cours des siècles suivants.

Enfin, les mines furent réexploitées à partir de 1860 grâce à la création d’une compagnie franco-italienne : les métallurgies de Laurion.
De leur côté les compagnies grecques traitèrent les scories antiques jusqu’en 1917.
La compagnie française des Mines de Laurion exploita le site jusqu’en 1977, date de sa fermeture définitive.

Smithsonite du Laurion, collection Bernès – coll. muséum, MHNT.MIN.2017.0.11

Les types de roches présents sur le site

Azurite malachite du Laurion, collection Bernès – coll. muséum, MHNT.MIN.2017.0.17

De nombreuses espèces minéralogiques ont été répertoriées avec 13 espèces topotypes (qualifie un spécimen originaire de la localité-type de l’espèce minérale en question).

La particularité la plus connue est la présence de nombreux minéraux de néoformation dans des géodes d’anciennes scories avec sept autres topotypes :

  • Anglésite avec fiedierite (topotype pour cette espèce)
  • Hélophyllite avec Lamionite (topotype pour cette espèce)
  • Néalite, paralamionite, penfieldite (topotype pour cette espèce)
  • Phosgénite avec Thorikosite (topotype pour cette espèce)
Calcite, aragonite du Laurion, coll. Bernès – coll. muséum, MHNT.MIN.2017.0.5

D’autres espèces minérales sont caractéristiques de ces mines et présentes dans la collection du Muséum : Adamaite, Anabergite, Aragonite, Auricalcite, Bourronite, Cérusite, Cuprite, Hémimorphite, Glaucocurinite, Kténasite, Méreiterite, Serpierite, Smithsonite, Zincaluminite, Zincolivenite, Zincowoodwarite….


En savoir plus

  • La collection de roches des mines du Laurion, en Grèce, de Marius Bernès a été donnée au muséum par sa tante Amélie Bernès, de Croix-Daurade, le 25 octobre 1892. Cette proposition de don est passée en délibération du Conseil municipal le 2 décembre 1892.

Photo d’en-tête : Azurite, malachite – coll. muséum, MHNT.MIN.2017.0.17