Préparation des collections
ENRICHISSEMENT DES COLLECTIONS
Photographie attribuée à Augustin Pujol “Muséum Le Laboratoire avec M. Lacomme (1934)” – coll. muséum, MHNT.PHa.138.B07
Les collections produites au muséum
Le musée est équipé d’un laboratoire dès 1868 et depuis cette date ses activités de préparation et conservation perdurent. Elles comprennent le montage ostéologique, le moulage, la préparation des insectes, fossiles et herbiers ainsi que la taxidermie.
Histoire du laboratoire
En 1868, peu après son ouverture, le muséum recrute Victor Bonhenry, ancien élève préparateur de Théodore Poortman à l’atelier du muséum national. Son laboratoire est installé dans une maison de l’enceinte du Jardin des plantes. Après plusieurs déménagements, l’atelier intègre le bâtiment du muséum. Bonhenry accroît significativement le fonds zoologique initial. Il constitue également de petites collections pédagogiques pour les écoles locales et forme amateurs et collectionneurs dans son atelier. Taxidermiste reconnu, il a été courtisé par de nombreux établissements jusqu’en Amérique du Sud. Malgré des tensions avec certaines directions, il a fait toute sa carrière au muséum, jusqu’à son départ en retraite en 1907.
En parallèle, en 1891, il ouvre son atelier commercial où il supervise le travail de Philippe Lacomme, son ancien élève et gendre, marié à sa fille Mathilde. De 1908 à 1918, les gros spécimens sont confiés à la maison Bonhenry-Lacomme.
La taxidermie est une affaire familiale, Pauline Bonhenry, épouse de Victor, est spécialisée dans la naturalisation des oiseaux, Émile Cartailhac disait “qu’ils semblaient s’envoler sous ses doigts”1.
Lacomme acquiert à son tour une belle renommée d’artiste animalier. En 1911, il publie un article2 sur sa technique de montage des gros animaux basée sur le montage d’une charpente en bois sur laquelle reposent des éléments en liège, matériau léger permet la sculpture de détails anatomiques. Par la suite, il fera encore évoluer cette technique.
Au muséum, après le départ de Bonhenry en 1907, c’est Armand de Montlezun qui, ayant travaillé au laboratoire avec lui, prend la relève. Il assure le montage des oiseaux et petits mammifères ainsi que la conservation, jusqu’à sa mort en 1914. En 1918, Lacomme est recruté en tant que conservateur technique chargé des naturalisations, moulages et entretien des collections. Il prend Lucien Blanc en apprentissage en 1928 et achève sa carrière au musée en 1945. Blanc lui succède et officie jusqu’en 1974.
Jean-Pierre Barthès intègre l’établissement à ses côtés en 1968. Parmi ses réalisations notables se trouvent un renard commun pour lequel il a été récompensé du titre de meilleur ouvrier de France en 1981 et la restauration de l’éléphant Punch. En 2013, alors retraité depuis 2007, il participe à la naturalisation de Cannelle, la dernière ourse de souche Pyrénéenne.
Aujourd’hui, les activités du laboratoire, qu’elles visent à la conservation ou à l’enrichissement des collections, sont toujours aussi diversifiées.
Le montage ostéologique
Le travail commence par une étude morphologique de la dépouille de l’animal pour repérer d’éventuelles particularités anatomiques. Il continue par un écharnage complet, étape qui consiste a retirer le maximum de chairs, muscles et tendons du squelette.
Les ossements sont ensuite plongés dans une série de bains pour dégrader les derniers restes de chairs. Une fois propres, ils sont séchés puis dégraissés a l’aide de solvants. À cette étape, les ossements ont plusieurs destinations possibles :
- Servir de support pédagogique pour le public.
- Enrichir l’ostéothèque du muséum, ossements non assemblés mais classés par type pouvant servir à l’étude comparative.
- Être remontés dans une position choisie pour illustrer un propos précis.
Le remontage se fait sur une structure-support métallique la plus discrète et la moins intrusive possible. Elle sert à maintenir le squelette dans sa position. Les ossements y sont enfilés et fixés à l’aide de tiges, de fils et de vis. Le montage se doit de rester réversible pour rendre possible dans le futur la consultation de l’ensemble ou de seulement une partie du squelette.
Il est aussi possible de réaliser un montage spécifique en éclaté, dit “à la Beauchêne”. Le but est alors de reconstituer le squelette, ou l’exosquelette, en laissant un espace entre chaque « pièces » qui le compose tout en gardant ses proportions. Ceci permet la mise en évidence de la structure anatomique et en facilite la lecture.
Le moulage
L’activité de moulage est courante dans les musées, elle consiste à reproduire à l’identique une ou plusieurs copies d’un même objet. Au muséum d’Histoire naturelle, le moulage répond à différents besoins :
- En muséographie, lorsque l’original est trop fragile, ou que les conditions de présentation ne répondent pas aux contraintes de conservation.
- En médiation, pour proposer du matériel pédagogique en directions de différents publics : scolaire, petite enfance ou en situation de handicap.
- Dans le cadre d’études, d’échanges entre institutions ou de partenariats avec différents organismes parmi lesquels l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), la direction régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL) ou le Centre nationale de la recherche scientifique (CNRS).
Les prises d’empreintes sont réalisées par un moule en silicone que l’on applique directement sur l’original. Les copies peuvent être en résines de polyuréthane, acrylique, en élastomère ou en plâtre. La mise en teinte peut se faire à la peinture acrylique, à l’aide d’un aérographe, ainsi qu’avec du pigment naturel et de la gomme laque.
Les nouvelles technologies 3D, permettent la réalisation de copies sans avoir à manipuler l’original, on appelle cela un moulage sans contact grâce notamment à l’utilisation d’un scanner permettant la numérisation des objets.
La préparation entomologique
Pour faire un inventaire et une identification sûre il est parfois indispensable de préserver des insectes morts épinglés dans des boîtes. La préparation de ces insectes comprend plusieurs étapes et pour que le résultat soit parfait il faut de la patience et de la méticulosité. On commence par prélever le spécimen vivant précautionneusement pour ne pas casser pattes et antennes qui sont des organes très fragiles. Pour tuer l’insecte on peut le passer quelques heures au congélateur ou bien utiliser un produit létal tel que l’alcool ou le cyanure. Après décongélation il faut étaler le spécimen le plus vite possible avant que celui-ci ne sèche.
Une fois cette épingle principale en place on “plante” l’insecte sur une planche de polystirène. On va alors profiter de la malléabilité de l’insecte pour maintenir toutes ses pattes et antennes dans la position souhaitée à l’aide d’autant d’épingles que nécessaire, en général une vingtaine. Accompagnée d’une étiquette qui identifie le lieu et la date de collecte on laisse le tout reposer dans un endroit sec et ventilé.Au bout d’une à deux semaines -en fonction de la taille du spécimen- il est sec, impossible alors de changer la position sans casse. On retire les épingles délicatement sauf bien sûr celle qui a transpercé notre spécimen et qui le maintiendra dans la boîte. Sur cette même épingle et en-dessous de l’insecte on transperce une petite étiquette qui comprend marqué à l’encre de chine le nom du spécimen, la date et lieu de collecte et le nom du collecteur. Tout ça sur un rectangle de papier qui n’excède pas 2×1 cm !Le spécimen est enfin rangé définitivement avec d’autres espèces du genre ou de la famille en respectant une classification systématique.
La préparation des fossiles
Les spécimens fossiles nouvellement acquis, que se soit par achat, donation ou collecte sur le terrain nécessitent parfois un travail de préparation. Ce travail peut avoir un but esthétique pour une présentation ou un but préventif de consolidation avant intégration dans les réserves dans le cas de spécimens fragilisés.
Des équipements spécifiques et outils sont utilisés pour la préparation des fossiles. Le micro burin pneumatique permet de retirer la gangue de roche dure entourant le spécimen et la cabine de sablage permet un nettoyage en douceur par projection de microbilles de verres ou de carbonate de calcium.
Sont également utilisés des instruments dentaires, scalpels ou spatules, et les fossiles sont consolidés à l’aide de colle et de résines.
Une fois le spécimen nettoyé, il est rangé en attente de mise à disposition des chercheurs et des publics.
La préparation des herbiers
L’herbier a pour but d’être un témoignage scientifique de la présence d’une espèce végétale sur un territoire et à une époque précise.
La plante fraîche est collectée sur le terrain, la plus complète possible : racines, tiges, feuilles, fleurs et fruits quand tout est disponible. De retour au laboratoire elle est étalée le plus esthétiquement possible entre des feuilles de papier journal et comprimée dans une presse à herbier. Deux ou trois mois plus tard la plante, sèche et plate, est fixée sur une feuille de papier blanc à l’aide de bandelettes de lin et affublée d’une étiquette ; celle-ci comprend : son nom scientifique, la date et le lieu de collecte, le nom du collecteur et l’Institution ou l’Herbier dans laquelle la planche sera déposée.
La planche finie est glissée dans une chemise, elle-même incluse dans une liasse dans laquelle elle sera classée dans l’ordre systématique des familles de plantes et alphabétique des genres et espèces de la famille concernée.
Avec d’autres liasses elle composera un Herbier qui peut par exemple représenter la flore d’une région et comprendre toutes les plantes que l’on trouve dans cette aire géographique.
La taxidermie
Le muséum reçoit régulièrement des dépouilles d’animaux par le biais de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. Des établissement tels que les zoos proposent également aux muséums des animaux lors de leur décès. Ces dons, saisies ou découvertes fortuites participent à l’enrichissement des fonds. Lorsque les dépouilles arrivent il faut agir rapidement que ce soit par une mise en congélateur ou un dépouillage immédiat.
Lors de la préparation, la peau de l’animal est retirée, amincie puis tannée. On réalise un mannequin en mousse polyéthylène suivant les mesures de l’écorché de l’animal et de référents anatomiques (ouvrages, photographies, vidéo, sculptures…).
Intervient ensuite la pose des yeux , des cartilages d’oreilles, mâchoires artificielles etc. ainsi que les finitions du mannequin : lissage, dessin des muscles et des veines…
Des essais de peau successifs permettront notamment d’affiner les mesures du mannequin.
La peau est ensuite positionnée sur le mannequin et cousue. Après séchage et stabilisation du spécimen interviennent les finitions. Elles consistent principalement à un travail de re-pigmentation (paupières, truffes, becs, pattes…). Parfois au comblement de micro-fissures et ajout de poils ou plumes manquants.
Un numéro d’inventaire est attribué au spécimen naturalisé . Statutairement, Il n’est désormais plus un animal mais un « objet naturaliste » prêt à intégrer les collections.
Notes et références
Le Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse : ses galeries, Gaston Astre, 1949 — coll. muséum, cote D575
- “Notice nécrologique, V. Bonhenry” , Émile Cartailhac, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, 1914, T47 – Gallica, BNF
- “Un nouveau procédé de montage et de naturalisation des grands animaux au moyen du liège armé”, Bulletin de la Société zoologique de France, 1911, T36 – Gallica, BNF