Conservation & restauration

Restauration d'un imprimé ancien

GÉRER LES OBJETS PATRIMONIAUX

Préserver et transmettre

L’appellation Musée de France est accordée à tout établissement conservant des collections permanentes exposées au public et répondant à un certain nombre de critères légaux et éthiques. Légalement, les collections des musées de France sont imprescriptibles et inaliénables. Elles font l’objet d’une inscription sur un inventaire, registre officiel de l’entrée des collections dans la propriété de la collectivité dont dépend un musée. Parmi les obligations légales auxquelles sont soumis les musées de France : la conservation et l’entretien des collections.
Au sens large, « conserver » des objets de musée consiste à garantir que toutes les informations dont ils sont porteurs soient accessibles sans limite de temps définie.
Il faut d’emblée remarquer que la nature même de ces objets ne se prête que rarement à cette idée d’une conservation sur le long terme, par delà les années voire les siècles. C’est manifeste dans le cas des échantillons « naturels » que rien ne destine parfois à durer plus de quelques heures mais cela s’applique également à de nombreuses productions humaines dont les créateurs ont souvent une autre intention première que de littéralement défier l’éternité.

Il est donc rarissime qu’un objet ne soit pas préparé d’une façon ou d’une autre avant d’entrer à proprement parler dans le fonds d’un musée.
Au-delà de l’objet lui même, il est également important de ne pas négliger tous les éléments périphériques qui l’accompagnent et sont parfois tout autant porteurs d’informations : étiquettes, archives, documentation, parfois même emballage ancien… De plus, un objet isolé est généralement bien moins riche de sens que lorsqu’il est replacé dans le contexte de sa collection.

Si le souci d’authenticité amène à privilégier une conservation respectueuse de l’intégrité originale de l’objet, il faut noter enfin que cette approche n’est pas universelle et qu’une intervention approfondie est parfois nécessaire pour éviter une dégradation irrémédiable ou retrouver une certaine lisibilité.

Pour assurer la préservation des collections et pouvoir les transmettre aux générations futures, les musées jouent sur deux tempos, en suivant deux modes d’action complémentaires :

  • La conservation préventive, en anticipation de toute dégradation
  • La conservation restauration
Catalogue des entrées 1901-1909
Extrait du catalogue des entrées du muséum 1901-1909 – coll. muséum, cote A.06.11.18
Pinceaux, brosses, gommes et aspirateur de conservation
Matériel de dépoussiérage et restauration de la bibliothèque

La conservation préventive

La conservation préventive consiste, par définition, à agir par anticipation sur les causes potentielles de dégradations des objets de musée. Ces causes peuvent être de différentes natures : climatiques (température, humidité), physiques (chocs…), chimiques (polluants…), biologiques (insectes, moisissures, humains…).
C’est une action continue dans le temps qui, le plus souvent, s’applique indirectement et à l’échelle de toute une collection.

Un certain nombre de techniques sont mises en œuvre pour la bonne conservation tels un mode de stockage adapté des spécimens ou objets dans des réserves au climat contrôlé et surveillé, le suivi visuel régulier des collections, le choix de matériaux stables chimiquement mis au contact des collections pour le stockage ou l’exposition.

Prévenir et anticiper les sinistres

L’anticipation des catastrophes (inondations, incendies, etc.) fait également partie de la conservation préventive à travers des dispositifs de sécurité et la mise en place d’un plan d’urgence, outil opérationnel de préparation au sauvetage des collections en cas de sinistre.

S’il y a une quelconque urgence à intervenir, on sort clairement du domaine de la prévention pour entrer dans celui du curatif qui opère ponctuellement et non plus sur les causes mais sur les effets des dégradations.

La conservation restauration

La restauration consiste à agir directement sur un objet de musée afin de le remettre en valeur ou de lui rendre une part de sa lisibilité originale ou antérieure.
C’est une action singulière et spécifique qui se doit de respecter au maximum l’authenticité de l’objet. Pour ce faire, une restauration idéale sera bien entendu d’une parfaite innocuité pour l’objet mais pourra aussi être facilement distinguée des éléments originaux. Elle devra enfin être totalement réversible.
Une restauration n’est jamais urgente dans la mesure où elle ne vise qu’à redonner du sens. Au sens strict, choisir de ne pas restaurer ne devrait jamais avoir de conséquence néfaste ni par dégradation de l’état d’un objet ni par une quelconque perte d’information. Si un danger existe mais n’est que potentiel, il faut d’abord entreprendre une action de conservation préventive. S’il est bel et bien présent, c’est à une action curative qu’il faut avoir recours.

Des campagnes de restauration d’objets ou de spécimens sont régulièrement organisées au Muséum de Toulouse, notamment dans le cadre de la préparation des expositions. Ce travail de restauration est mis en œuvre par des conservateurs-restaurateurs agrées par le Ministère de la Culture, en étroite collaboration avec les référents scientifiques en charge des collections. De même, tout projet de restauration d’un bien faisant partie d’une collection d’un musée labellisé « Musée de France » est précédé de la consultation d’instances scientifiques. En effet, la restauration d’un objet ou spécimen nécessite, avant la phase d’intervention, un travail d’analyse, de recherche et de documentation à la fois historique, scientifique et technique. Il faut pouvoir distinguer les traces d’usage qui font partie de l’histoire de l’objet, des altérations, afin de pouvoir adapter le degré d’intervention. Une restauration pourra consister en un simple nettoyage ou un degré d’intervention plus poussé comme la réintégration d’éléments.

L’exposition temporaire « Les Savanturiers » présentée en 2015 pour l’anniversaire des cent cinquante ans du muséum a été l’occasion de restaurer un ensemble de bustes en plâtre peint de l’artiste et phrénologue Pierre-Marie Alexandre Dumoutier présentant un grand intérêt historique. De même, un ensemble de quinze céramiques Asurini (État du Para, Brésil) ont été restaurées en 2017. Les pièces présentaient des lacunes importantes du décor peint et du vernis, laissant les motifs incomplets et difficilement lisibles. Un travail de consolidation puis de réintégration des motifs à la peinture acrylique a permis de reconstituer la totalité des motifs tout en laissant décelables les zones d’interventions.