LES JEUDIS DU MUSÉUM
CYCLE « Frisson, à la vie, à la mort »

Des rencontres en chair et en os
En écho à l’exposition Momies, corps préservés, corps éternels, les Jeudis du Muséum de Toulouse, cycle « Frisson, à la vie à la Mort » vous invitent cette saison aux frontières du vivant pour des rencontres avec experts et chercheurs. Sur place, confortablement assis dans votre auditorium, laissez-vous porter, goûtez au savoir et partagez votre expérience.
Rencontre #1 : jeudi 13 octobre
Partir en beauté, l’art délicat du thanatopracteur

Redonner l’aspect du vivant au cadavre, c’est tout l’art du thanatopracteur : traitement des fluides corporels, maquillage, reconstruction après un accident ou un crime. La conservation du corps pour passer à l’éternel est un savoir qui fascine et inquiète. Variable selon les époques, les religions, les traditions, ces soins accompagnent le rite funéraire et facilitent le deuil des proches.
700 embaumeurs travaillent aujourd’hui en France à pacifier les morts en préparant et ornant les corps. Comment se pratique ce métier ? Comment évoluent les attentes ? Les soins sont-ils obligatoires en France ? Quels actes avons-nous le droit de demander ou de refuser ? Nicolas Delestre répondra à ces questions que l’on n’ose pas poser.
Nicolas Delestre, spécialiste en techniques de préservation de la dépouille humaine est historien des pratiques funéraires et de l’embaumement, et membre du comité scientifique de l’Exposition temporaire Momies, corps préservés, corps éternels au Muséum de Toulouse. Il est l’auteur de La petite histoire de l’embaumement en Europe au XIXème siècle aux Éditions du Murmure. Il dirige le centre de formation des thanatopracteurs AFITT et la collection DILACERATIO CORPORIS pour les Éditions Fage, il est le co-auteur avec le docteur Michel Durigon de la troisième édition de l’ouvrage de référence dans l’enseignement de la thanatopraxie Pratique de la thanatopraxie aux Éditions Elsevier Masson.
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Rencontre #2 : jeudi 17 novembre
Autopsie virtuelle de la momie égyptienne du Muséum de Toulouse

Près de 60 ans avant la découverte de la tombe de Toutankhamon, une énigmatique momie égyptienne entre dans les collections du Muséum de Toulouse, en juillet 1865. 157 ans plus tard, elle se dévoile dans l’exposition Momies, corps préservés, corps éternels. Quels sont ses secrets ? Est-ce une femme ou un homme ? Comment a-t-elle été momifiée ? Le Muséum se lance dans un passionnant travail d’enquête et de restauration pour conserver et mieux connaître l’histoire d’une momie de près de 2.000 ans.
Grâce aux technologies d’imagerie médicale et de l’autopsie numérique, aidée par une spécialiste de la conservation des restes humains, l’équipe du Muséum de Toulouse met à jour des éléments inattendus de ce patrimoine fragile. Découvrez les révélations de cette « messagère du passé » à travers un documentaire et discutez en direct avec les membres de cette aventure.
→ film : « Momies. L’immortalité retrouvée » 26 min ; produit et réalisé par le Muséum de Toulouse, 2022.
Avec, Sylviane Bonvin Pochstein, chargée des collections d’ethnographie du Muséum de Toulouse ;Laure Cadot, restauratrice du patrimoine, spécialisée dans les matériaux organiques et les restes humains ; Sylviane Bonvin Pochstein, chargée des collections d’ethnographie du Muséum de Toulouse.
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Crédit photo : Muséum de Toulouse
Rencontre #3 : jeudi 1er décembre
Enquête judiciaire : les experts de la mort

Comment font les médecins légistes pour faire parler les cadavres ? Comment étudier une scène de crime ? Comment procèdent les experts des séries policières dans la vraie vie ? Quelles sont les techniques d’investigation des experts judiciaires ? Mourir n’est pas vraiment la fin, c’est même le début d’une suite de transformations bien ordonnées qui vont aller, dans des conditions normales, jusqu’à l’état de squelette. Bactéries et insectes mangeurs de cadavres entrent en scène pour activer la décomposition. Entre observations méticuleuses et méthodes scientifiques, les professionnels vont alors analyser la métamorphose et interpréter ces indices ténus pour expliquer un décès.
Mettons-nous dans l’ambiance avec un bon polar et deux experts scientifiques pour discuter en vrai, de leur métier.
Patrice Georges, criminalistique et archéologie forensique. Expert près de la Cour d’Appel de Toulouse, spécialiste des embaumements médiévaux. Centre de recherches archéologiques de Montauban. Membre de l’Inrap et du laboratoire TRACES. Conseiller scientifique de l’exposition Momies, corps préservés, corps éternels du Muséum de Toulouse.
Damien Charabidze, docteur en biologie, spécialiste des insectes nécrophages et de la preuve scientifique. Expert près la Cour d’Appel de Douai, Maître de Conférences à l’Université de Lille.
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// Pour se mettre dans l’ambiance profitez d’une lecture d’un extrait du roman d’Hebert Lieberman, Nécropolis (éditions Points) par Dominique Séguela, membre de Toulouse Polars du Sud.
En partenariat avec Toulouse Polar du Sud.
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Rencontre #4 : jeudi 19 janvier
La chamane Kyss, momie des glaces

« Pour comprendre les vivants, il faut s’intéresser aux morts… » Eric Crubézy
Juillet 2006, dans la terre gelée de Sibérie, Éric Crubézy et son équipe d’archéologues mettent au jour la tombe d’une jeune fille décédée aux débuts du 18ème siècle. Son corps parfaitement conservé et ligoté est vêtu avec un raffinement extrême. Ses cheveux sont retenus en chignon, sa face est cachée par un linceul en soie et son corps est enveloppé dans un large manteau de perles dont les manches ont été cousues à leurs extrémités. Sans aucun doute, il s’agit d’une momie de chamane qu’ils baptisent « Kyss » en référence au lieu où elle a été découverte qui signifie dans la langue locale : « la tombe de la jeune fille comprise comme une
chamane ».
Analysée en laboratoire, la momie va peu à peu révéler ses secrets et devenir un sujet d’intérêt mondial. L’étude de son ADN ancien nous apprend l’histoire du peuple iakoute, population semi-nomade de Sibérie orientale et de ses adaptations à l’une des régions les plus froides de la planète. Retour sur cette découverte majeure par Eric Crubézy l’instigateur de cette aventure.
Eric Crubézy, docteur en médecine et en biologie, spécialiste de l’archéologie funéraire, Anthropobiologie et analyse de l’ADN ancien. Il a créé le laboratoire Anthropologie Moléculaire et d’Imagerie de Synthèse de Toulouse et les Missions Archéologiques Françaises en Sibérie Orientale. Il a fouillé puis étudié par la technique de l’ADN ancien les plus vieux cas de tuberculose (Égypte), de la grande peste (Montpellier), de variole (Sibérie) et les peuplements de la Haute-Asie au cours de l’Holocène. Auteur de Chamane : Kyss, jeune fille des glaces, Vainqueurs ou vaincus ?, Aux origines des rites funéraires : voir, cacher, sacraliser. Professeur Université Toulouse.
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Rencontre #5 : jeudi 9 février
Chienne de vie ! Deuil, chagrin et émotions animales

Mais quel est le point de vue des animaux sur la mort, la perte, le deuil d’un congénère ? Quels comportements émettent-ils ? Quelles sont les manifestations de leurs états affectifs en général ?
Le chagrin animal existe. La science a déjà montré que les animaux ressentent une vaste palette d’émotions, qu’ils sont sujets à la joie, à la peur, au stress, à la douleur, qu’ils sont capables d’empathie et de solidarité ou, au contraire, de duperie pour servir leurs intérêts.
En s’appuyant sur l’observation des animaux domestiques, des animaux sauvages et de ceux des parcs zoologiques, nos deux invitées nous proposent des récits, des anecdotes et des histoires sensibles.
Que ces aspects de la vie animale vous rendent sceptique ou au contraire militant, venez dialoguer.
Essayons de nous mettre à la place de l’animal le temps de ce rendez-vous avec Fabienne Delfour et Sylvie Clavel.
Fabienne Delfour, éthologue et cétologue, chargée de conférences à l’Ecole Pratique des Hautes études, spécialisée en éthologie et cognition animale et en bien-être animal, elle dirige une entreprise de conseils dans le domaine animalier et est membre de plusieurs comités scientifiques sur le bien-être animal. Grâce à ses recherches en milieu naturel et en parcs zoologiques, elle interroge les limites du sauvage et du domestique, réfléchit à une communication anthropo-zoologique en adoptant et respectant la perspective de l’animal. Son travail porte sur les grands mammifères et en particulier les mammifères marins.
Auteur de Que pensent les dindes de Noël ? : oser se mettre à la place de l’animal, en collaboration avec Christophe François, publié aux éditions Tana.
Sylvie Clavel, responsable vétérinaire du Parc zoologique African Safari situé à Plaisance du Touch depuis 20 ans.
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Rencontre #6 : jeudi 9 mars
Femmes puissantes de l’Antiquité égyptienne

Hatchepsout, Tiyi, Néfertiti, Néfertari… Si notre mémoire collective conserve la trace de ces légendaires souveraines, c’est qu’elles incarnent la puissance, la beauté et le rayonnement de la civilisation pharaonique.
De nombreux travaux traitent des rois égyptiens, mais très peu abordent le sujet de leur indispensable alter ego féminins : les reines, dont les fonctions, variées, furent capitales en Egypte ancienne. La royauté au féminin, cet univers singulier, doit être regardée dans ses dimensions mythiques, historiques, institutionnelles.
A partir des dernières découvertes, revisitons les portraits des souveraines les plus emblématiques du nouvel empire égyptien pour regarder ce passé d’un œil nouveau et inspirant.
Florence Quentin, égyptologue et écrivain. Diplômée d’égyptologie et d’histoire ancienne, elle a enseigné l’histoire et contribué à plusieurs dictionnaires. Auteure de Dans l’intimité de Toutankhamon, ce que révèlent les objets de son trésor ; Les grandes souveraines d’Egypte ; Symboles, divinités et concepts de l’Egypte ancienne ; L’Egypte ancienne, collection « Vérités et Légendes », Perrin, novembre 2022.
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Rencontre #7 : jeudi 30 Mars
Bio-Urne et cercueil en carton. L’essor des funérailles vertes

Rencontre et réflexion autour du coût écologique engendré par les rites funéraires
Les idéologies environnementales s’invitent à la table des morts. L’imaginaire de la mort et les pratiques funéraires occidentales évoluent depuis les années 60. Le coût écologique engendré par les rites funéraires fait émerger des réflexions individuelles.
Connaissez-vous par exemple le concept de « forêt cinéraire » dont la première en France vient d’ouvrir à Arbas en Occitanie ?
Que vous souhaitiez devenir un arbre avec la Bio-Urne, commander un cercueil en carton produit en Alsace, ou que votre dernière volonté soit « l’humusation », les possibilités écologiques ainsi que les demandes se multiplient.
Mais tout cela est-il légalement possible? Qu’a-t-on le droit de faire aujourd’hui en France et chez nos voisins ? Et le défunt a-t-il tout simplement des droits ?
Limiter notre impact sur la planète à notre mort devient un sujet d’intérêt. Ce thème vous interpelle, vous intéresse ou vous questionne ? Alors prenons le temps d’en discuter ensemble avec des experts et juristes.
Avec :
- Clément Legrand, masterant. Étudie le rapport aux défunts et à la mort dans les lieux funéraires naturels. Département d’anthropologie Université Toulouse.
- Maître Mathieu Touzeil Divina, agrégé des universités en droit Public ; Université Toulouse ; Président du collectif l’Unité du droit, initiateur du Traité des nouveaux droits de la Mort.
Rendez vous conçu en partenariat avec la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de Toulouse
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Rencontre #8 : jeudi 13 Avril
Abattoir : une mort animale acceptable ?

« Aucune société ne pense rien de la mort animale » Félix Jourdan
Depuis une dizaine d’années, la mort des animaux d’élevage est au cœur de controverses récurrentes. Les abattoirs sont perçus comme des lieux opaques, violents, incarnant le comble de la cruauté moderne envers les animaux. Comment comprendre cette image et que nous dit-elle du rapport que nous entretenons à la mort animale ? Comment l’abattage a progressivement disparu de l’espace public et comment un modèle « humanitaire-industriel » de mise à mort mêlant exigences de compassion et de productivité s’est progressivement installé dans la plupart des pays européens ?
Prenons le temps de revenir sur les grandes transformations de l’abattage animal en Europe occidentale pour discuter ensemble de ce sujet qui questionne notre société.
Félix Jourdan, Sociologue, à l’Institut National de Recherche Agronomique ; Université Montpellier, étude des normes, pratiques et représentations autour de la mise à mort des animaux d’élevage.
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Rencontre #9 : jeudi 20 Avril
Mourir à l’heure. Que peut révéler le séquençage de notre ADN?

Les tests ADN ludiques vendus en kit à l’étranger* peuvent-ils vraiment révéler nos faiblesses de santé et même de quoi nous allons mourir comme l’annoncent les publicités ?
En 20 ans, les techniques de lecture d’ADN humain se sont améliorées et les capacités de décodage d’information sont aujourd’hui faramineuses. De nombreuses pathologies seraient repérables avant l’apparition des premiers symptômes grâce au séquençage génétique à très haut débit. On parle aujourd’hui d’une médecine prédictive qui en serait à ses prémices.
Quelles informations la génétique et la biologie moléculaire peuvent-elles véritablement extraire aujourd’hui. Comment les informations génomiques sont-elles produites ? Qu’en est-il d’un point de vue éthique et moral ? Quelles protections pour ces données ?
Venez dialoguer et poser toutes vos questions.
Ludovic Orlando, archéologie moléculaire ; paléogénéticien ; Directeur du Centre d’anthropologie et de Génomique de Toulouse. CNRS et Université Toulouse. Auteur de L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2020
Emmanuelle Rial-Sebbag, Juriste, directrice de Recherche à l’institut national de la santé et de la recherche médicale (inserm) en bioéthique et droit de la santé. Elle est enseignante associée en droit de la santé et en bioéthique à la Faculté de médecine de Toulouse.
Jean-Claude Dunyach, auteur de science-fiction, docteur en mathématiques appliquées. Sa nouvelle « Déchiffrer la Trame » a obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire et le Prix Rosny aîné en 1998.
* La réalisation de test génétique est interdite en France et passible d’une amende.
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Rencontre #10 : jeudi 15 Juin
Les comtes de la crypte : que révèle l’étude des sarcophages de la basilique Saint-Sernin ?

La basilique Saint-Sernin renferme bien des secrets. Située à l’extérieur du monument, la niche funéraire des comtes de Toulouse gardait en son sein quatre sarcophages en marbre récemment mis en danger par leur exposition à la pollution. Dans le cadre de leur protection, deux d’entre eux, réputés intacts, ont été sortis en 2019 par le service de restauration du patrimoine de la mairie de Toulouse. L’identité des individus que renferment ces sarcophages est entourée de mystère.
Après deux années d’étude et de fouilles préventives, aidées de l’analyse ADN, les recherches nous livrent des informations inédites sur le contenu de ces sarcophages et sur les conditions de vie et de mort des personnes inhumées, ainsi que sur leurs relations familiales.
Remontons le fil de cette aventure et interrogeons ensemble les archéologues qui ont travaillé sur ces fouilles particulières.
Fouille préventive coordonnée par La Direction régionale des affaires culturelles Occitanie et le service régional de l’archéologie.
Avec :
- Bastien Lefebvre ; Maître de conférences en histoire de l’art et archéologie médiévale ; Conservateur du Patrimoine, Service régional de l’archéologie, DRAC Occitanie. Membre du Laboratoire de recherche archéologique TRACES.
- Elsa Ciesielski, Docteure en archéologie et Anthropologie biologique. Archéothanatologue, membre associée de l’ Unité Recherche Archéologie des Sociétés Méditerranéennes.
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// Rendez-vous proposé en partenariat avec l’Association des amis des Archives de la Haute-Garonne.
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